Ça nous concerne

Gábor Orosz :  » Je révisais dans le train, dans le bus, en marchant… »

07/04/2025

Membre du Comité Scientifique d’Energie Jeunes, Gabor Orosz est chercheur en psychologie sociale à l’Université d’Arras. Il est un spécialiste des « wise interventions », interventions « sages » prenant en compte, globalement, la personne et la situation et mène des études en France et à l’étranger.

Je n’ai jamais été un élève qui avait le meilleur comportement, ni les meilleures notes, jusqu’à l’université. Par exemple, au collège, j’ai eu un professeur de musique qui était tellement fâchée contre moi qu’elle a dit : « Gabor Orosz, tu es quelqu’un dont la société n’a pas besoin ». Pas très sympa… Mais c’est à ce moment que j’ai commencé à réfléchir à mon utilité sociale.

J’avais 13 ans et du temps libre. Je me suis dit qu’il fallait en faire quelque chose d’utile. J’ai commencé à lire, et mes notes ont augmenté. C’était le premier déclic : j’ai réalisé que je pouvais faire énormément de choses. J’ai lu un livre chaque semaine. Cela a amélioré mes notes et m’a permis d’aller au lycée (en Hongrie).

J’ai adoré mon lycée, même s’il y a eu des hauts et des bas. Le déclic que j’ai eu, au milieu de ma scolarité, c’est que j’ai réalisé que j’étais une personne pouvant être facilement influencée par les autres. C’est pour cela que j’ai essayé de trouver des amis qui auraient une bonne influence sur moi. Troisième déclic. Mon examen d’entrée en psychologie. J’ai eu de la chance. J’ai tiré un sujet avec lequel j’étais familier. Quand j’ai commencé mes études, je me sentais inférieur par rapport aux autres. Je pensais que j’avais réussi à entrer seulement grâce à de la chance. Mais, j’ai commencé à énormément apprendre, je révisais dans le train, le bus, en marchant, tout le temps. A la fin du premier semestre, j’ai obtenu la meilleure moyenne de ma promotion. J’ai réalisé que même si j’avais eu de la chance, si je travaillais dur, je pouvais réussir.

Actuellement, je travaille sur trois études scientifiques. La première concerne la pleine conscience chez les élèves. Nous partons du principe que s’ils ont des pensées positives – ils pensent pouvoir améliorer leurs capacités d’attention, de présence dans le moment, d’acceptation et de non-jugement – ils peuvent améliorer leurs performances. 

La deuxième intervention se concentre sur la compétition. Elle explore comment, même dans un contexte compétitif, on peut choisir de se focaliser sur l’apprentissage et les aspects coopératifs. Cette perspective permet de transformer la compétition en une opportunité de développer des qualités personnelles et d’améliorer à la fois la motivation et les performances. 

La troisième intervention concerne la lutte contre la désinformation. Nous avons mis au point une méthode pour « vacciner » les individus. Cette intervention dure six minutes mais a des effets durables. Elle inclut des vidéos expliquant les techniques de manipulation utilisées pour diffuser de fausses informations. Ensuite, nous encourageons les élèves à écrire un message à leurs proches sur ce qu’ils ont appris. Cela renforce leur capacité à identifier et rejeter la désinformation.

L’intervention sur la pleine conscience a des effets sur la réussite académique. Nous espérions que cette intervention aurait un impact sur le bien-être des élèves, mais nous constatons que c’est surtout la performance qui s’améliore. 

Ce n’est pas le cas avec l’intervention sur la compétition. Dans ce contexte, les objectifs qui se focalisent sur le développement personnel ou la tâche ont augmenté, mais pas ceux concernant la comparaison sociale, ce qui signifie que les élèves cherchent à améliorer leur propre performance sans nécessairement vouloir être meilleurs que les autres. 

Concernant la désinformation, nous obtenons des résultats solides avec les élèves. Les résultats avec les lycéens sont également prometteurs.

Avec la pandémie de COVID, j’ai souhaité continuer à contribuer aux ONG. J’ai voulu comprendre comment  Énergie Jeunes peut impacter autant d’élèves. Je pense que c’est exceptionnel et unique au niveau mondial de mener des interventions sur le mindset chaque année auprès de tant d’élèves. De plus,  ma première participation à un comité scientifique fut une expérience incroyable. Je suis extrêmement satisfait de pouvoir continuer de rencontrer ces experts remarquables à chaque comité. Quand je rentre chez moi après ces réunions, je me sens plein d’énergie.

>>> Joëlle Proust : « Un cours de psychologie a changé ma vie

>>> Céline Darnon : la recherche au service de la réussite scolaire

>>> Nous contacter

Retour aux actualités
Ils nous soutiennent