Rebecca Shankland : « J’étais une élève très réservée qui avait peur de l’erreur et de l’échec »
28/04/2025
Rebecca Shankland est Professeure de psychologie du développement à l’Université Lumière Lyon 2, responsable de l’Observatoire du Bien-être à l’Ecole, membre du groupe de travail sur le bien-être à l’école du Conseil Scientifique de l’Education Nationale. Ses travaux portent, depuis 20 ans, sur le développement des compétences psychosociales des enfants, des adolescents et des adultes en position d’éducation. Elle a publié de nombreux articles scientifiques et ouvrages sur le sujet.
Quel type d’élève étiez-vous ?
En tant qu’enfant, j’étais une élève très réservée qui avait très peur de l’erreur et de l’échec. A tel point que je n’osais jamais lever la main pour répondre à une question de l’enseignant, de peur de me tromper. A l’adolescence, ayant pris plus confiance en moi progressivement, j’ai commencé à m’affirmer davantage et à vouloir prendre des initiatives au sein de l’établissement scolaire comme, par exemple, proposer des actions solidaires. Mais ces initiatives n’ont pas été soutenues ou encouragées. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de partir pour plusieurs séjours à l’étranger (Angleterre, Autriche, Argentine) afin de découvrir d’autres systèmes scolaires qui m’ont paru plus en adéquation avec les besoins des élèves.
Est-ce que quelqu’un ou quelque chose a créé un « déclic » dans votre scolarité ?
Ce qui m’a le plus aidé pour développer la confiance en moi ce sont les enseignants qui ont cru en moi et en mes compétences. Ils m’ont encouragé à aller toujours plus loin dans les apprentissages en donnant des exercices complémentaires pour les élèves qui le souhaitaient. En laissant, dans un premier temps, les enjeux de connaissances de côtés, ils m’ont conduit à oser prendre la parole devant d’autres personnes. Ils le faisaient sans jamais forcer les élèves, mais en proposant de le faire étape par étape, d’abord en parlant de sa place sans aller au tableau, puis en allant au tableau à plusieurs, puis en faisant du théâtre pour apprendre à parler en public. Tout cela m’a aidé à progresser dans ma scolarité, malgré la peur de l’erreur et le stress intense lié aux examens.
Pourriez-vous décrire l’objet de vos recherches ?
Mes recherches portent sur le développement des compétences psychosociales de la maternelle à l’université et auprès des adultes en position d’éducation, de façon à permettre une plus grande disponibilité mentale pour l’enseignement et les apprentissages et améliorer la qualité des relations. Pour accompagner les établissements scolaires dans ce travail, nous avons créé l’Observatoire du Bien-être à l’Ecole qui a pour but de faire connaître les interventions efficaces et d’évaluer l’efficacité d’outils et de pratiques mises en place au sein de l’Education nationale.
En quoi ces recherches peuvent-elles aider les élèves ?
Ces recherches peuvent aider les élèves à mieux surmonter les difficultés qu’ils rencontrent au cours de leur scolarité, en développant des compétences de régulation du stress et des émotions, des relations constructives et en pouvant se rendre plus disponibles mentalement pour les apprentissages.
Pourquoi vous être engagé(e) auprès d’Energie Jeunes ?
J’ai souhaité rejoindre le conseil scientifique d’Energie Jeunes de façon à contribuer au développement d’interventions efficaces autour des représentations liées à la peur de l’erreur et augmenter le soutien affectif et le soutien aux apprentissages des élèves pour améliorer la réussite de tous les élèves.
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