Santé et bien-être des enseignants : un ressenti mitigé
17/03/2022Energie Jeunes travaille tous les ans avec plus de 4000 enseignants engagés et motivés pour la réussite de leurs élèves. Il nous semblait important de partager les résultats 2021 du baromètre international santé/bien-être du personnel d’éducation. Cette étude est fondée sur une enquête auprès de 8000 personnes dans 6 pays différents : France, Québec, Belgique, Maroc, Mexique, Gambie
Prenons ici le temps de faire un zoom sur la partie française des résultats de l’étude menée auprès de 3646 enseignants de notre pays
En France, une santé mentale fragilisée et une profession en manque de reconnaissance
En général, les enseignants ont une santé globale plutôt bonne. 82% d’entre eux se sentent satisfaits de leur santé, tendance qui diminue légèrement en fonction de l’âge.
Sur l’aspect santé mentale, les indicateurs se montrent moins positifs : 1 enseignant sur 2 ressent de l’anxiété, de la dépression ou du désespoir. 19% estiment en ressentir très souvent.
Selon les résultats de l’étude, les enseignants se sentent insatisfaits de leur carrière, et plus d’1 sur 2 choisirait un autre métier si c’était à refaire. Près de 9 enseignants sur 10 sont insatisfaits de la valorisation du métier dans la société, de leurs possibilités d’évolution et de leur salaire. 70% d’entre eux sont également insatisfaits de l’équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle.
Un métier propice au stress et témoin de violences dans les établissements français
Commençons par rappeler que 92% des enseignants se sentent en sécurité au sein de leur établissement.
Cependant, l’étude relève une donnée inquiétante : près d’un tiers des enseignants ont déjà subi des violences au travail et 63% auraient été témoins de violence dans l’exercice de leur métier. Des violences qui proviennent des parents à 14,2%, des élèves pour 13,5% et des autres personnels d’éducation à 9,6%.
La crise sanitaire, source de stress supplémentaire
La crise sanitaire montre que 70% des enseignants ont su s’adapter, face aux différentes mesures prises par le gouvernement. Cependant, les préoccupations des enseignants qui pouvaient déjà être présentes, se sont accentuées avec la crise covid-19. Parmi celles-ci, sont notamment signalées :
- une charge de travail plus importante ;
- une absence de planification de la part des institutions ;
- la difficulté d’équilibrer vie professionnelle et vie privée.
Pour les enseignants en télétravail s’ajoutent une inquiétude pour les élèves, une peur du décrochage scolaire ou de la détérioration de leur santé mentale. Pour les enseignants en présentiel, une difficulté en plus pour s’occuper du comportement des élèves et de la mise en place des mesures sanitaires.
Des améliorations restent possibles pour un cadre professionnel meilleur
Les enseignants français continuent malgré tout à faire des propositions pour améliorer la situation.
D’abord, un besoin de formation, 76% estiment qu’ils effectuent des tâches pour lesquelles il leur faudrait plus de formation : la gestion de classe pour les plus jeunes enseignants et l’usage des outils numériques pour les enseignant.es avec plus d’ancienneté.
Aussi, les enseignants demandent à être mieux informés autour de la santé au travail, ainsi que de leurs droits. 96% des interrogés n’ont jamais eu de rendez-vous avec la médecine du travail pour un bilan de santé.
Si les enseignants français déclarent être suffisamment soutenus par leurs entourages (collègues, supérieurs, syndicats), en revanche, 71% estiment ne pas être informés suffisamment à l’avance des décisions importantes au travail et 67% d’entre eux pensent que leur travail n’est pas suffisamment valorisé par la hiérarchie.
La santé et le bien-être des enseignants français en marge du reste du monde
Les résultats français montrent un plus grand pessimisme des enseignant.es en comparaison aux 5 autres pays sondés (Québec, Belgique, Maroc, Mexique, Gambie). Les enseignant.e.s français se sentent plus stressé et ressentent une satisfaction moins élevée que leurs collègues étrangers. Ils estiment à 71% exercer un métier stressant, contre 49% au Mexique ou 39% en Gambie.
Quant aux possibilités d’évolution, elles sont souvent limitées, particulièrement en France et en Belgique : 92% pour les enseignant.e.s français, 76% pour les belges.